"Qui veut la mort du Zouk ?" ou le débat perte de temps

Le 13 octobre 2023, j’ai bien ri en lisant le dossier “Le Zouk, un roi sans couronne” publié par le site Views. Leur playlist Spotify avec à peine ⅓ d’artistes afroantillais avec aucun titre récent, okay, on a vu. Par contre, j’ai moins ri quand j’ai constaté que l’auteur avait un 972 dans son pseudo sur les réseaux sociaux. En fait, cela m’a inquiété parce qu’encore une fois que les gens de l’extérieur nous fassent passer pour des incapables qui se sont fait piller leur musique par les autres, on a l’habitude. Par contre, je m’interroge quand nos journalistes et créateurs de contenu font de même. Surtout pour notre Zouk qui, je le répète, se porte bien depuis 2020. Cette histoire du Zouk antillais est mort, à qui ça profite exactement ? 

C’est un extrait de l’intro de ma série d’épisodes sur les mythes autour des artistes antillais mis en ligne entre novembre 2023 et juillet 2024. Le 13 octobre 2025, Arte Tracks met en ligne un épisode intitulé “Qui veut la mort du Zouk ?”. Au-delà de la coïncidence des dates, il n’y a pas de coïncidence sur le sujet puisqu’il s’agit du même journaliste qui continue d’alimenter le discours pessimiste, défaitiste sur notre Zouk.  Pourtant, je pensais qu’on avait enfin laissé cette perspective en 2023. En effet, entre le succès de Joé Dwèt Filé, des artistes de pop urbaine qui sortent un single Bouyon, nos artistes qui obtiennent des certifications Or, le succès de “Zion”…  C’était compliqué de continuer à cracher sur les “Antillais” sur la saison 2024 - 2025. Même Kaysha a nuancé ses propos sur nos artistes par rapport à ce qu’il a pu dire en 2020-2021. Médiatiquement, le premier semestre 2025 était donc calme… Trop calme apparemment parce que la saison 2025-2026 a commencé fort. 

Avec plus de 90 mille vues et plus de 500 commentaires sur Youtube en une dizaine de jours, cet épisode de Tracks reflète l’ambivalence sur le Zouk que j’avais analysée en long et en large dans “Les mythes autour des artistes antillais” en 2024. On jure qu’on aime le Zouk, on s’insurge dès qu’il est critiqué mais quand il faut décrire les qualités du Zouk, le plaisir qu’il nous apporte, la technicité qu’il exige, ça bégaie alors que ça peut monologuer des heures sur le hip-hop ou le R&B. A l’instar du reportage “le Bouyon : la transgression à 160 BPM” mis en ligne il y a un an ou “Comment la vague shatta a inondé les charts” disponible depuis février 2025, ce nouvel épisode de Tracks échoue une nouvelle fois à valoriser nos musiques et nos artistes. Pourtant, je voulais garder l’esprit ouvert parce que Tracks avait proposé un bon documentaire sur le Maloya 2.0 de la Réunion quasiment un an jour pour jour en 2024. Tous les intervenants du documentaire étaient dans l’idée de faire évoluer le Maloya en intégrant d’autres influences. Ils se revendiquaient tous du Maloya. Je me suis dit que peut-être que ce “Qui veut la mort du Zouk?” aurait une approche valorisante similaire. Spoiler alert : ce n’était pas du tout le cas. En s’exprimant avec les mêmes mots que les Réunionnais sur la fierté culturelle, sur l’importance de continuer à créer à partir de nos racines, nos artistes ne renvoient pas du tout l’image d’avoir envie de développer le Zouk… On peut me dire que c’est à cause du montage, j’entends. Mais quand même…

Sauf erreur de ma part, l’auteur-réalisateur de cet épisode de Tracks est celui qui a créé le contenu “antillais” problématique de Views ces deux dernières années. Après “Le Zouk, roi sans couronne” en 2023 (cf. leur fil X), il a écrit l’article “Theodora, emprunter au Bouyon pour mieux l’exporter” en 2024 (cf. le fil X). Il utilise la technique de l’objectivité biaisée pour partager une perspective pessimiste sur nos réussites et pour encenser le succès des autres. Comme je l’avais dit dans ma série audio sur “les mythes autour des artistes antillais”, c’était pénible que les médias hexagonaux nous fassent des analyse bancales à cause de leur filtre colonial, mais ça l’est encore plus quand ce sont les gens de chez nous qui recyclent les mêmes préjugés sans s’en rendre compte. Ce documentaire utilise les 4 techniques habituelles du récit médiatique que j’avais analysées dans mon dossier “Le Bouyon Gwada, Theodora, Perle Lama… Les leçons de media training à retenir” en 2024. 

Technique #1 - Le hors-sujet distraction : la problématique du documentaire énoncée au début est “pourquoi le Zouk a-t-il été invisibilisé ?” et “où en est le Zouk aux Antilles aujourd’hui ?”.  Il n’y a que Jocelyne Béroard qui donne une réponse claire à la première question. Les autres intervenants se définissent comme artistes de Créole pop et ne parlent que du fait que le Zouk n’est pas reconnu à sa juste valeur… Pourquoi n’y a-t-il aucun intervenant dont la carrière est axée sur le Zouk ? En plus, au milieu du documentaire, il y a une séquence en soirée Zouk qui est supposée prouver que les vingtenaires ont délaissé le Zouk… On peut me dire que c’est à cause du montage, j’entends. Mais quand même…En quoi est-ce valorisant pour le Zouk ?

Technique #2 - L’objectivité biaisée : l’objectivité biaisée ici est de présenter Kassav’ avec Pierre-Edouard Décimus et Jacob Desvarieux en co-fondateurs, Jocelyne Béroard et Patrick Saint-Eloi en chanteurs mais sans mentionner Jean-Philippe Marthély, Jean-Claude Naimro et Georges Décimus. L’objectivité biaisée ici est de parler “du Zouk aux Antilles”, mais de ne jamais prononcer le mot Guadeloupe. L’objectivité biaisée ici est de limiter le propos aux évolutions musicales martiniquaises sans même évoquer ce qui se fait en Guadeloupe (on en parle de Ji Kann’, de Tanmpo Klassik ?), en Guyane (on en parle de Fanny J, Saïna Manotte, Lizi ?)  voire La Réunion (on en parle de MIK’L, Kalipsxau, Léa Churros ?). L’objectivité biaisée est de ne pas donner une brève explication sur le lien avec le konpa. Bref, l’objectivité biaisée dans ce documentaire est de penser qu’il suffit de se dire Martiniquais, d’avoir grandi en écoutant du Zouk, d’avoir écouté Aya Nakamura et de citer un seul article académique en source pour garantir une analyse correcte. Encore une fois, on peut me dire que c’est à cause du montage, j’entends. Mais quand même… En quoi est-ce valorisant pour le Zouk ?

Technique #3 - Le bon compliment, mauvais timing : ce reportage aurait dû s’appeler “Créole Pop : un Zouk 2.0?”. C’est moins putaclic que “Qui veut la mort du Zouk?”, je vous l’accorde, mais au moins ça correspond davantage à ce que le reportage met en avant. A part Jocelyne Béroard, les autres artistes intervenants ne sont que des artistes de Créole pop : Joël Jacoulet, Victor O et Maurane Voyer… Faut-il comprendre qu’il n’y a vraiment aucun.e artiste local.e entre 20 et 40 ans qui se promeut comme artiste Zouk à part entière donc que nous avons tué notre Zouk simplement en arrêtant d’en faire  ? La présentation de Joël Jacoulet a été résumée par “un grand producteur et compositeur de musique caribéenne”... Depuis combien de temps est-il en activité et quels sont les temps forts de sa carrière à part l’album “Créole Pop” ?  Je ferai la même remarque pour Victor O, Maurane Voyer… On ne sait rien de leur carrière. Et ce silence est d’autant plus sonore que le reportage a valorisé Jocelyne Béroard sur ce point. Donc oui, le reportage donne un aperçu de ce qu’est la Créole pop mais est-ce efficace par rapport à la visibilité que ces artistes recherchent ? Encore une fois, on peut me dire que c’est à cause du montage, j’entends. Mais quand même… En quoi est-ce valorisant pour le Zouk ?

Technique #4 - pousser la guerre imaginaire Afrique vs. Antilles (sous-entendu une hiérarchisation Afrique > Antilles) : Victor O  n’intervient qu’une seule fois et il dit : 

“Normalement, on aurait dû être à la place des Nigérians qui ont repris le branding du Zouk à leur compte. Pas méchamment, c’est une histoire de business. Mais en vérité, on aurait dû être maîtres de  cette sonorité afropop mondiale depuis longtemps, ce qu’on a été un moment avec Kassav’ et avec la grande époque du Zouk. Ca aurait dû générer une espèce de culture éternelle, donc il y a un travail de reconquête.”

J’aime beaucoup la musique de Victor O. Je trouve qu’il est génial en live… mais c’est exactement le genre de propos qui aurait dû être coupé au montage. Non seulement parce que ça fait le jeu des médias sur la technique # 4, mais parce que ça montre un manque de recul sur les enjeux actuels de la scène musicale internationale. Encore une fois, on peut me dire que c’est à cause du montage, j’entends. Mais quand même… En quoi est-ce valorisant pour le Zouk ?

Bref, je pourrais critiquer chaque minute du documentaire (littéralement), mais restons dans une démarche constructive donc nous allons faire la liste des leçons de media training à retenir.

Leçon #1 - toute médiatisation n’est pas de la valorisation

Si tu ne te définis pas comme un.e artiste de Zouk, il est inutile d’être un.e porte-parole du Zouk par procuration. C’est le boulot des journalistes de trouver les bons interlocuteurs pour le sujet qu’iels veulent traiter. Dans ce cas précis, peut-être qu’au moment de la prise de contact, l’axe du documentaire n’était pas réellement défini… Donc raison de plus de dire non quand la demande d’interview est floue. Il vaut mieux peu de traces digitales mais précises plutôt qu’un tas de traces digitales approximatives qui ne servent ni son branding ni son storytelling.

Leçon #2 - Jocelyne Béroard maîtrise son branding et son storytelling

Tout artiste de Guadeloupe et de Martinique devrait étudier ses interviews parce qu’elle dit ce qu’elle a à dire, même face aux questions problématiques. Dans “Qui veut la mort du Zouk?”, elle incarne ce que signifie savoir qui on est et savoir où on veut aller. Quand elle dit “je fais du Zouk”, il n’y a aucun doute sur le fait qu’elle en est fière. Au passage, assumer faire du Zouk ne l’a jamais empêchée de faire d’autres genres musicaux, comme n’importe quel artiste. Revendiquer le Zouk comme son axe créatif n’est pas limitant. Au contraire. Donc c’est aux artistes de se poser la question d’où ils ont cette conviction que faire du Zouk les enferme dans une catégorie dévalorisante. 

Leçon #3 - il faut distinguer le Zouk et le Zouk Love

Le documentaire utilise indifféremment Zouk et Zouk Love alors que toutes les critiques négatives sur le Zouk sont en fait sur le Zouk Love… Et toutes les remarques positives sont sur le Zouk. C’est un effort de  langage à faire sinon les propos se contredisent. C’est contradictoire de donner l’exemple du “Zaboka” de Maurane Voyer comme un succès Zouk contemporain comme “le Zouk à l’ancienne” et dire que son BPM l’empêche d’être dans une session Zouk en soirée, dire que les jeunes ne dansent plus de Zouk. Effectivement, si le Zouk Love nécessite un.e partenaire, le Zouk à la “Zouk-La Sé Sèl Médikaman Nou Ni” se vit d’abord dans l’énergie collective. Ce Zouk a le droit d’exister aussi. C’est ce que notre public réclame depuis des années et nos artistes ne le font pas. La vraie question est : même face au succès de “Zaboka”, pourquoi nos artistes dans la vingtaine/début trentaine ont peur de faire ce type de propositions artistiques plus massivement ? 

Au passage, Maurane Voyer elle-même a eu l’occasion de dire que ses chansons Zouk (Love) ne fonctionnaient pas particulièrement mieux que ses chansons dans un autre genre. Elle insiste toujours sur sa polyvalence car, pour elle, “il n’y a pas d’injonction à faire du Zouk”... Mais la question qu’on se pose à la fin du documentaire, c’est pourquoi faire du Zouk est-il vécu comme une injonction ?

Leçon #4 - on doit se valoriser sans se comparer aux artistes d’afrobeats et d’amapiano 

J’ai été surprise qu’il n’y ait aucune mention du riff de “Vini Dou” repris pour le “Spicy” de DJ Hervé Pagez avec Diplo et Charlie XCX comme exemple de l’impact de la Créole pop sur la scène internationale. Si ça a été dit, pourquoi ça a été coupé au montage ? En tout cas, il n’y a aucune raison de se comparer aux artistes africains dès qu’on évoque notre potentiel sur la scène internationale.

 Les artistes africains ne sont pas un exemple à suivre parce qu’ils ne contrôlent pas leur industrie musicale et restent dépendants des structures américaines et européennes. De plus, ils sont à l’aise avec les cultures caribéennes, donc quand bien même ils seraient des rivaux, ils sont avant tout des alliés de choix. C’est cet aspect qui devrait être mis en avant, même quand les médias préfèrent pousser la guéguerre imaginaire. Je ne sais pas quand le reportage a été réalisé mais l’exemple de Burna Boy qui chante sur le remix du “4Kampé” de Joé Dwèt Filé est suffisant pour soutenir cet argument d’allié.

Leçon #5 - il faut être clair sur ses objectifs

“Le Zouk n’est jamais mort. Il a juste beaucoup voyagé, s’est dilué et nous, on a un peu perdu de vue où il a été, mais il a toujours été là. C’est important qu’on se le réapproprie et qu’on fasse. Plutôt que de débattre, juste faire,” déclare Maurane Voyer sur la fin du documentaire. D’accord, mais qui est le “on” ici ? Et que faut-il faire exactement ? Aucune stratégie n’est évoquée dans ce documentaire. Ce qui en soi pourrait se comprendre dans un souci de ne pas alerter les vautours, mais l’intérêt d’une interview est d’expliquer ses ambitions, ses objectifs de carrière et de montrer qu’on sait où on veut emmener le public.

C’est ça la différence majeure entre Kassav’ et les autres artistes. Ce n’est pas juste une question de création artistique. Il y a une question d’intention marketing qui dicte les décisions business. Pierre-Edouard Décimus avait une vision, il s’est entouré des meilleurs pour la faire devenir réalité. Il croyait en sa vision, même quand personne n’y croyait.

Pour  rappel, le Zouk n’a un branding valorisant que depuis 4 ans. Je ne sais pas si le branding “musique militante” était le plus efficace pour le long terme parce que le Zouk de Kassav’ n’est pas juste festif. C’est une musique qui “touche l’âme par son côté universel” pour reprendre les propos de Joël Jacoulet quand il expliquait que “la France” accepte que les Antillais la divertisse tant que c’est pour faire danser, pour faire rire ou faire peur.  Quoi qu’il en soit, le fait de donner à Kassav’ cette image de “musique militante” a contre-carré l’autodénigrement médiatique de 2021*. Pierre-Edouard Décimus et Jocelyne Béroard ont créé du contenu écrit et audiovisuel sur lequel les médias peuvent  s’appuyer. Dans les livres “Pou Zot” [ma review] et “Loin de l’Amer” [ma review], dans les films “Pierre-Edouard Décimus, le Zouk et la prière des oiseaux” [ma review] et “Jocelyne Béroard, Mi Tchè Mwen”, ils ont expliqué leur vision d’artiste qui leur a permis de mener une carrière longue et fructueuse, donc les médias auront beau être à côté de la plaque pour parler du Zouk, je doute qu’ils le feront de façon méprisante désormais. Il n’y a qu’à voir les superbes retournements de veste de la part de journalistes et de créateurs de contenu sur ces deux dernières années. On n’oublie pas.

“Qui veut la mort du Zouk ?” ne dure que 17 minutes, mais voici la conclusion du journaliste :

  • la Créole pop puise dans le Zouk mais ne cherche pas à le sauver (parce que le Zouk a besoin d’être sauvé ???) 

  • il y aura de plus en plus de musiques métissées qui ressembleront au Zouk (mais qu’est-ce qui va se passer pour le Zouk ? Il disparaît ou pas ?)

  • ce que demandent les artistes ici, c’est surtout qu’on le reconnaisse quand on s’inspire de leur musique et qu’on n’oublie pas de la nommer” (notre niveau de revendication est au sous-sol dans ce cas)

“Pour moi,  il n’y a pas de rebranding à faire. Le Zouk, c’est le Zouk, ça va s’appeler Zouk. Et ce sera comme ça. Ca ne marche pas quand on essaye de se blanchir…”
C’est littéralement la dernière phrase du documentaire. Elle est prononcée par Maurane Voyer… Quel est le rapport entre la conclusion “les autres doivent nommer le Zouk quand ils s’en inspirent” et “le Zouk doit garder son nom, ça ne marche pas quand ON essaye de se blanchir” ??? J’étais trop choquée par l’audace de laisser cette dernière image au public. Là, pour le coup, c’est vraiment un choix de montage. En quoi est-ce valorisant pour le Zouk ?  

Ceci étant dit…

Ce que le documentaire aurait pu faire pour répondre à la problématique “pourquoi le Zouk a-t-il été invisibilisé ?/ pourquoi est-il tabou ?” A part demander directement à Dadju pourquoi il a dit “je déteste le Zouk” (je plaisante !), il aurait été intéressant de donner le point de vue :

  • des médias (afro)hexagonaux du type Skyrock, France Culture, Trace etc et des médias locaux

  • des institutions du type la SACEM, le SNEP

  • des plateformes de streaming du type Spotify, Deezer

  • des universitaires du type doctorants, maîtres de conférence

  • des artistes non-guadeloupéens/martiniquais qui se font de l’argent sur le Zouk 

  • des producteurs/beatmakers/DJs “antillais” qui servent les intérêts des autres

  • des artistes de chez nous qui, à défaut de se dire artistes Zouk, proposent du Zouk sans forcément être connus (genre Elowdy C, Alwio, Laconi etc)

Est-ce que vous voyez tous les angles inédits par lequel on aurait pu aborder le sujet ? Peut-être que c’était prévu mais que personne n’a voulu participer… Même si j’ai du mal à le croire parce qu’il y a des gens dans ce système qui sont de bonne volonté, qui ont réellement envie de nous aider et de nous valoriser. Ils font des efforts, mais ils sont perdus sur comment faire surtout quand nous sommes incapables nous-mêmes de dire précisément ce dont nous avons besoin. 

Cela fait des années que nos artistes revendiquent une reconnaissance symbolique, les médias s’en servent désormais pour continuer à nous distraire des objectifs essentiels. Nos artiste veulent l’accès aux outils pour se faire connaître du public, développer leur carrière et vivre de leur musique. Pas nécessairement dans cet ordre. Ils pourront aligner les collaborations avec les plus gros vendeurs, aligner les certifications, faire de grands concerts, remplir leur compte en banque, cela ne signifie pas qu’ils seront respectés pour autant ou alors ils ne le seront qu’au bout de plusieurs décennies après avoir accompli ce que peu d’artistes accomplissent. D’ici là, à chacun de faire en sorte de rester loin de l’amer. 

Dernières réflexions

J’ai écrit pour garder une trace, mais je vous rassure, c’est normal qu’il y ait des documentaires et des dossiers sur la mort du Zouk parce que c’est un sujet putaclic. Les médias coréens prédisaient la fin de la Hallyu depuis 2005, même avec les données récoltées par le ministère de la Culture qui prouvaient le contraire. Tout est une question de perspective et de lecture. La différence est que les artistes coréens ont établi leurs propres critères pour évaluer leur progression sur le marché culturel international et ont bâti leur storytelling dessus. Nous, on n’en est encore à débattre sur s’il faut donner un branding au Zouk… Je suppose que ça évite de réfléchir sur le contenu de ce branding. Rappelons que le Zouk fêtera ses 50 ans en 2029. Il serait peut-être temps que les médias commencent à documenter la mise en place des célébrations.


*Cette perspective militante pour Kassav’ met d’autant plus en lumière l’image d’un Zouk contemporain superficiel… D’un autre côté, cela peut peut-être motiver les artistes à aborder de nouveaux sujets sous le prisme du Zouk (Love) comme Lorenz l’a fait dans “La dernière fois” où il évoque les brutalités policières.