La Casa Del Makrèl ou une telenovela guadeloupéenne

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Ma consommation de webséries a diminué en 2019. Pour trois raisons : gérer mon blog et mon podcast est assez chronophage ; je préfère écouter des podcasts ou lire pendant mon temps libre ; l’offre gratuite de webséries de qualité a baissé. En 2019, je n’ai regardé que la websérie US Pillow Talk et la websérie guadeloupéenne La Casa del Makrel.

Avec un titre en clin d'œil à la série Netflix La Casa de Papel, cette nouvelle proposition de Kijanwtwouvéy, avec Yannick Maillard à la réalisation, s'annonçait ambitieuse et humoristique. Que le Makrelage soit considéré comme un hobby voire comme un art, il requiert une attention de chaque instant et une organisation stricte. Et c'est ce qu’illustre cette websérie. Voici trois bonnes raisons de la regarder :

Un format court

Il n'y a que 9 épisodes d'environ 5 minutes. La websérie se laisse regarder en moins d’une heure. Chaque scène concerne l'intrigue principale. Les dialogues sont courts et vont droit au but. C’est trop court pour s’ennuyer et et suffisamment long pour avoir envie d’en savoir plus.

Un visuel sophistiqué

Il faut reconnaître que les vidéos de Kijanwtwouvéy sont toujours agréables à l'œil. Même celles réalisées avec 0 budget, des dialogues basiques et une mise en scène chaotique il y a quelques années avaient déjà un beau visuel*… Mais le soin technique apporté à la Casa del Makrel mérite d’être salué. À commencer par le générique. Les couleurs, les images, l'animation, la musique… Comment ne pas avoir envie de regarder ?

Cet avant-goût se confirme dès les premières secondes jusqu'à la fin du dernier épisode. Le maquillage, les coiffures, les tenues, chaque personnage a un style défini et identifiable mais l'ensemble reste harmonieux, simple mais élégant, coloré mais sobre.

Une histoire efficace

L’intrigue principale est un des clichés de telenovela les plus utilisés. Les rebondissements s'enchaînent avec fluidité, même s’il n’y a pas vraiment de surprise. L'exécution est efficace. Le timing pour soutenir les effets comiques est plutôt bien respecté. Les dialogues mélangent créole et français. D'ailleurs des sous-titres français facilitent la compréhension du créole. Vu le format court, il aurait été difficile de développer les personnages plus en profondeur. Même si le makrélage de Sandra sert de fil conducteur, Steffy, Mickaël, Patrice et Julien sont mis en lumière sans s'éclipser mutuellement. Mon seul bémol serait le personnage de Julien dont le côté caricatural avait le moins de subtilité. Mais dans l'ensemble, j'apprécie le fait que les personnages féminins soient des femmes qui s’assument avec un fort caractère accepté en tant que tel.

Avec plus d’un million de clics cumulés sept mois après la mise en ligne. la Casa del Makrel ne semble toujours pas avoir trouvé d'investissements pour produire une saison 2 avec un format plus long, ce qui est dommage. L’essai reste réussi. Tous les épisodes sont disponibles sur la chaîne youtube de Kijanwtwouvéy.

*J’ai écrit cet article avant de relire celui que j'avais fait sur la websérie “Conmissariat”. Il y a déjà 3 ans, j'avais écrit quasiment mot pour mot la même réflexion sur le visuel. La constance de cet aspect prouve que la qualité visuelle est bien une des marques de fabrique du réalisateur.

Photo: Ki Janw Twouvéy @Facebook